lundi 6 janvier 2014

Super Teacher et les châtiments.

Je sens que ce titre d'article va m'attirer bien des pervers arrivés par hasard ici grâce à Google. Coucou Monsieur le Pervers ! Bienvenue sur mon blog. 


Il y a peu, j'ai parlé à des militaires d'à peu près mon âge qui donnaient des cours à des étudiants en formation. Et l'un d'entre eux m'a raconté qu'il punissait les bavards en les envoyant au coin. Alors, quand même, il faut l'avouer, c'est drôle d'imaginer un grand gaillard de 25 balais, le crâne rasé, les muscles saillants sous son tee-shirt ajusté, la peau croustillante comme un bon poulet roti...mmmh... Hum, excusez-moi. (jamais j'aurai du donner l'adresse de ce blog à ma reum). Bref. D'imaginer un gros militaire au coin, c'est rigolo. 

Moi, j'envoie pas les élèves au coin. Déjà, parce que je suis pas tellement sûre que ce soit autorisé par la loi et que moi, la loi, j'aime ça. Ensuite, parce que je suis pas convaincue de l'utilité de la méthode. Déjà au départ, il me semble qu'un bon prof ne devrait pas avoir à punir, car cela revient à dire que tu as déjà échoué quelque part. L'élève n'aurait pas du se retrouver en situation d'être puni. Mais, force est de constater qu'un prof doit forcément punir à un moment ou à un autre.

Alors après, le plus compliqué est de se trouver une sorte d'échelle de la punition. 
C'est L'ECHELLE DU CHATIMENT. (Aaaah, voilà, mon pervers Google commence à avoir quelque chose à se mettre sous la dent). 
Ami lecteur, voici venue l'heure du jeu ! Une liste pleine d'erreurs s'est malencontreusement glissée dans cet article de blog. A toi de trouver la liste qui propose des punitions adaptées à la bêtise de Petit Babouin et celle qui va un peu trop loin !

Liste n°1 

  • Petit Babouin fait tomber sa trousse ==> je latte les doigts de l'élève maladroit avec ma règle en métal.
  • Petit Babouin a oublié de faire son travail ==> je le fais exclure du collège définitivement. 
  • Petit Babouin continue à parler avec son voisin alors que je l'ai repris déjà deux fois ==> j'enregistre discrètement leur conversation à l'aide des micros incorporés dans les tables et peux ainsi révéler à tout le collège les problèmes d'hémorroïdes de la grande soeur de Petit Babouin. 
  • Petit Babouin mange un Tuc en en mettant partout par terre ==> je récupère son Tuc, le lui écrase dans l'oreille et lui fais ramasser les miettes à la fourchette. 
  • Petit Babouin me dit "Ton père la vieille pute tchétchène" ==> je fais recopier 34 fois à l'élève "Je ne peux pas savoir si le père de mon professeur est une pute, ni son origine, et même si je le savais, ce n'est pas très gentil de le lui faire remarquer". 

Liste n°2 

  • Petit Babouin fait tomber sa trousse ==> je ne fais rien et le laisse discrètement la ramasser, Petit Babouin se sent déjà assez mal d'avoir fait un max de bruit. 
  • Petit Babouin a oublié de faire son travail ==> je lui donne un travail à faire en plus sur le sujet que nous sommes en train de traiter, qui prendra plus longtemps. 
  • Petit Babouin continue à parler avec son voisin alors que je l'ai repris déjà deux fois ==> je prend ma grosse voix qui fait peur. S'il recommence, je prend son carnet. 
  • Petit Babouin mange un Tuc en en mettant partout par terre ==> même pas en rêve tu manges un Tuc dans ma salle, Petit Babouin.* Si jamais ça arrivait, je le collerais et lui ferait tout nettoyer avec mes petites lingettes spéciales élèves cracras. 
  • Petit Babouin me dit "Ton père la vieille pute tchétchène" ==> je déclenche la troisième guerre mondiale. 

Les trois premiers gagnants se verront offrir une nuit d'amour avec mon cochon d'Inde ! (oui, celui qui est mort il y a 2 ans). (love, Ignace).


* pour revenir sur le cas de Petit Babouin qui mange en classe. Je ne dis pas que ça n'est jamais arrivé. Je pense que des élèves l'ont déjà fait, mais à la limite, s'ils ont réussi à être assez discrets pour que je ne vois rien, j'ai envie de dire "bien joué, mon poulet".

9 commentaires:

  1. Je dis 2 et… Ignaaaace !
    Par contre (la cochondindophile se calme et l'anthropologue se réveille): tu dis "un prof doit forcément punir à un moment ou à un autre"… En fait, dans l'absolu, pas du tout, on a plein de contre-exemples ethnographiques. Tu connais Ivan Illich ? Il a écrit un livre qui développe la thèse que, pour la plupart des enfants, l'obligation (que la punition subsume ) est justement une entrave à l'éducation: puisque les enfants sont capables d'apprendre des tas de choses hyper compliquées sans qu'on ait à les obliger à apprendre (marcher, parler, courir, sociabiliser, jouer…), pourquoi à l'école l'éducation passe forcément par le devoir et la contrainte ? Aller Super Teacher, révolutionne-nous tout ça !
    Bon mais ceci dit je me doute bien que le fonctionnement du collège tel qu'il est oblige à faire des compromis -- et je suis sûre que tu les fait de la manière la plus juste possible, telle la justicière des bacs à sable que tu es toujours au fond de toi <3

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  2. Hi hi hi quelle diplomate tu fais, en me ménageant tout en faisant passer tes idées :)
    Mais tu me connais et tu connais ma façon de penser, je suis très très loin d'être convaincue par l'éducation/contrainte.
    Quand je parle de punir mes élèves, c'est plutôt dans le sens où je pense qu'il s'agit plus de prendre la responsabilité de ses actes. Je n'ai jamais grondé un élève qui n'avait pas fait ses devoirs, je me dis que dans un sens, c'est son choix, même s'il a 12 ans seulement. En revanche, il connait le contrat : pas de travail chez lui alors qu'il en avait besoin pour progresser dans le cours et améliorer ses compétences, alors il rattrape en travaillant le même sujet. Je les considère comme des grands (même s'ils ne le sont pas vraiment complètement) et dans la vie en société des adultes, on est pénalisé d'une façon ou d'une autre quand on ne respecte pas un engagement qu'on avait pris...

    Par contre, pour ta récompense, je t'enverrais les modalités du déroulement par MP. (hin hin hin).

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  3. Et, en tout cas pour mes collègues actuels, rares sont les profs à encore envisager l'éducation comme une contrainte. Je pense vraiment que c'est une conception qui tend à disparaitre. En tout cas, c'est l'impression que j'ai, après elle est peut-être trop autocentrée.
    Il faut aussi garder en tête que les heures de colle et autres sanctions sont avant tout un système qui permet d'harmoniser et de simplifier les choses dans la tête d'élèves qui très souvent, manquent cruellement de cadre dans leur vie privée. On n'imagine pas le nombre d'élève qui viennent réclamer leur heure de colle quand elle a été oubliée ou qui te demandent s'ils ont réussi à bien faire leur travail supplémentaire...

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  4. Mais quand t'es enfant tu ne PEUX PAS refuser d'aller à l'école. À partir de là c'est forcément une institution de contrainte. Heureusement, il y a des personnes, des profs qui font l'intermédiaire et peuvent rendre intéressantes ces heures, faire oublier que c'est une contrainte. Mais parfois, oulala, on s'en souvenait.. Et ton élève qui ne fait pas ses devoirs, c'est son "choix" mais c'est l'institution qui fixe le cadre et les valeurs de ce choix. Il n'a pas la possibilité de te convaincre que passer toute la soirée à jouer c'est mieux que de faire ses devoirs. Et les préparer à la vie en société d'adulte, pragmatiquement c'est bien, mais c'est malheureusement aussi les habituer à se plier à une autorité qu'on ne choisit pas, à intérioriser et reproduire les règles avant même de les interroger, et ça c'est quand même vraiment dommage… D'autant plus que développer le sens critique est censé être aussi une mission de l'école ! Ce métier de prof est tellement plein de contradictions… Quel courage tu as, bravo :)

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  5. Merci Sarah pour ce nouvel article, toujours plein d'humour.
    Il y a cependant quelques points qui me perturbent :
    Je comprend pas trop ce que toi et Anaïs entendez par "pas de contrainte, de devoir, ou de punition...". Vous connaissez quels contextes où il n'y aurait pas de regles (et de consequences si elles ne sont pas respectées)?
    Je connais pas la these de Ivan Illich, mais il me semble tout de même qu'il y a une différence évidente entre apprendre à marcher, parler, etc...et apprendre à lire, écrire, etc...(volontairement je ne développe pas, mais s'il y a besoin je le ferai)
    Le troisieme point, c'est pour avoir ton avis, Sarah : comme tu le fais remarquer, les élèves ont tendance à réclamer qu'on les encadre rigoureusement. Plusieurs profs m'ont dit la même chose, et aussi que ce n'était pas le cas il y a quelques années encore ( quand nous mêmes étions à leur place en fait ) où nous avions, rebelles, une aversion simple et radicale contre les punitions de toutes sortes. Que peux tu me dire sur ce sujet?

    à plus! zoubis!

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  6. En fait, pour revenir sur ce que j'ai dis dans mes commentaires précédents et sur ce qu'Anonyme a dit et que je rejoins (qui es tu !?!), je ne suis pas du tout pour un monde sans contraintes, ni limites imposées "de force". Et c'est là que du coup, je ne peux pas être d'accord avec toutes les idées d'Anaïs, qui se défendent tout à fait mais qui ne me convainquent pas sur ce point.
    Je ferais bien le parallèle entre les sanctions à l'école et les lois : dans un monde parfait, elles ne devraient pas exister. Tout le monde respecterait l'autre sans qu'on ait besoin de poser des cadres. Or ce n'est pas le cas car il y aura toujours des gens pour aller trop loin et freiner la liberté des autres.
    Si personne ne contraint l'élève à faire ses devoirs, il ne les fera pas. Et pour parler un peu vulgairement, il restera dans sa merde. Donc l'institution est obligée de contraindre, il me semble, car c'est notre rôle d'aider ceux qui n'ont pas les armes chez eux pour comprendre seul qu'il FAUT apprendre à l'école. Bref.

    Anonyme, concernant ta question, je ne pense pas qu'il y ait une différence entre les élèves d'aujourd'hui et ceux d'avant. Un enfant, il me semble, est toujours en demande de limites, si elles sont justes et qu'il les comprend. Peu importe l'époque, il trouvera toujours con le prof qui lui donnera deux heures de colles pour avoir maché un chewing-gum et sera toujours d'accord avec celui qui lui demande de s'excuser auprès de quelqu'un que l'élève aurait insulté ou autre.
    Après, au prof de trouver le ton pour lui faire accepter et comprendre la sanction.
    Du coup, je ne pense pas qu'un élève puisse être fondamentalement rebelle contre les punitions. Je me dis que c'est peut-être plutôt des adultes qui n'ont pas trouvé la bonne façon de les présenter.
    Mais je ne suis pas vraiment capable d'aller plus loin dans cette réflexion, je suis moi-même en plein débat intérieur !

    Bécots !

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  7. La fiancée de Monsieur le Pervers8 janvier 2014 à 10:55

    En extrapolant à peine, ton article et vos commentaires posent une autre question: le but de l'école est-il de faire de nous des êtres performants et adaptés, ou des êtres riches de connaissances et HEUREUX?

    Je n'ai pas lu Ivan Illich, mais j'ai une grande sympathie de principe pour ses théories. Laisser l'enfant libre de faire ses choix, lui faire confiance pour trouver son chemin à son rythme, l'accepter et accompagner avec bienveillance son évolution, dit comme ça, ça a l'air plutôt sympa sur la brochure. Mais à mon sens, cette théorie est à appliquer à l'échelle individuelle, et elle est inapplicable dans le cadre collectif...autrement dit c'est le rôle des parents que de fournir un cadre sécurisant dans lequel l'enfant sera libre de faire ses propres erreurs sans se mettre en danger excessif, et surtout un cadre duquel il pourra progressivement s'affranchir en se construisant.

    En revanche, l'école, qu'on le veuille ou non, est un pur produit de l'institution. D'ailleurs, tout est dans le titre: "Education Nationale". Formation de citoyens, avant tout.
    Et si l'instruction des enfants est obligatoire, la scolarisation ne l'est pas. En théorie, libre à ceux qui en ont le désir (et les moyens) d'engager un prof à domicile, ou d'instruire eux-mêmes leurs enfants. En pratique, peu de parents font ce choix, et pour des raisons financières, pratiques, idéologiques, sociales, ou tout simplement par conformisme, ils inscrivent leur enfant à l'Ecole de la République, ce qui implique qu'ils acceptent que leur enfant soit conditionné aux valeurs véhiculées par cette dernière.

    Et c'est là que je veux en venir par ce loooong monologue: toute éducation est une forme de conditionnement. C'est inévitable: on confie un être sans préjugés et dénué d'expérience à d'autres êtres marqués par leur propre idéologie et leur vécu, pour que ces derniers lui fassent acquérir des compétences intellectuelles, culturelles et sociales. Pour plus d'efficacité, on délègue aux éducateurs l'outil ultime: l'autorité. Et dans le cadre de l'Education Nationale, cette autorité est mise au service du collectif, pour qu'un maximum d'enfants puissent apprendre et progresser dans une égalité relative.

    Alors oui, c'est loin d'être idéal. Mais je crois te comprendre Sarah: je suis dans le même dilemme. Qui plus est, ma place au sein de l'Education Nationale est un peu bâtarde, et m'oblige à prendre un sacré recul, car je ne suis pas prof mais musicienne intervenante en milieu scolaire. Le cul entre deux chaises, censée à la fois éveiller les enfants à une pratique artistique la moins normative possible, et cependant respecter les "référentiels de compétences", les "projets pédagogiques" et les "procédures disciplinaires" des instits avec qui je travaille. Autant dire que je me sens souvent en contradiction entre mes principes et mon boulot, comme dit Anaïs. Mais voilà, j'ai fait le choix de me mettre au service de l'institution, si mes problèmes de conscience m'empêchent de dormir, je n'ai qu'à me casser et aller jouer du Whitney Houston à des mariages pour gagner ma croûte.

    Et puis, pour les jours de déprime, il reste toujours ces petites phrases que nous sortent les enfants, leurs regards concentrés, leur fierté et leurs sourires jusqu'aux oreilles à la fin de certaines séances, ces petits signes récurrents que ce qu'on essaye de leur apporter est rempli de sens, pour beaucoup d'entre eux. Y compris, certainement, les sanctions, tant qu'elles ne sont pas vides de sens pour nous-mêmes....

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  8. Mon Dieu, je me demande comment j'ai fait pour ne pas te reconnaitre à la seule lecture de ton pseudo... Tu es toujours magique !

    Oui, tu as dis ce que je n'arrivais pas à formuler, notamment pour la question d'échelle individuelle et collective de l'éducation, qui ne peuvent pas être mises au même rang. Bien sûr que je suis pour la liberté et l'autonomie de l'enfant, l'apprentissage qui ne passe pas par la contrainte, c'est d'ailleurs comme ça que je pense avoir été élevée.

    J'ai aussi conscience d'être une sorte de petit pion de l'Etat, voire parfois un petit soldat envoyé pour former notre belle et glorieuse nation... Mais j'ai décidé de l'accepter parce que c'est le seul moyen que je vois à ma disposition pour permettre à certains enfants l'accès au savoir.

    Et puis, avec un minimum de jugeote et de recul, il me semble qu'on est capable d'enseigner des choses pertinentes aux élèves, au delà d'un simple programme imposé par l'Etat, comme justement l'esprit critique indispensable en Histoire et Géographie.

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  9. Cher Anonyme, voici un exemple d'un endroit où il n'y a pas de règles !

    http://www.dailymotion.com/video/xc3pwx_les-enfants-de-summerhill-1-film-do_lifestyle

    Je serai très intéressée que Super Teacher me dise ce qu'elle en pense, à la prochaine bière !

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