mercredi 23 janvier 2013

Super Teacher est une star interplanétaire

Je te jure, être prof, c'est vraiment bizarre. 

Tu le sais, lecteur, j'ai déjà croisé des élèves dans la rue (voir mon article désopilant Super Teacher a aussi une vie en dehors du collège). Ils sont souvent étonnés ou contents, parfois timides. Bref, marrant mais rien de vraiment bizarre.

Mais aujourd'hui, je suis allée en ville avec ma voiture. Et là, vent de folie sur ma Kangoo.
Je ne sais pas si c'est parce que j'ai une voiture de mec qui bosse dans le bâtiment et que me voir dedans les surprend mais les 50 000 élèves que j'ai croisé (non, je te jure, ils étaient 50 000, au moins) sont tous devenus fous.
Vraiment.
Ils ont TOUS hurlé de joie en me voyant.
D'abord, j'ai croisé mes petites quatrièmes. En me voyant, la première s'est mise à battre des mains dans le vide en ouvrant la bouche, comme paralysée de la parole (AH, petite fourbe ! dans mon cours, ta langue est plus déliée, hein...!) puis a réussi à crier à ses copines : "Regardez ! Regardez !". Le concert de hurlement a commencé. Je les ai klaxonnées. Elles ont hurlé plus fort.

Ensuite, j'ai croisé des élèves que je ne connaissais pas à un arrêt de bus. Même scénario : ils regardant la voiture, regarde la conductrice, air choqué, cris ("C'est la prof !!!"). Ok, je suis une star.

Ça a recommencé une dernière fois. Les flics étaient pas loin, j'ai eu peur qu'on m'arrête. "Oh Mademoiselle, cessez de perturber la tranquillité des lieux".
Ce à quoi j'aurai répondu "Ecoute, mon poulet (hin hin hin), ce sont les aléas de la célébrité."
Il aurait dit "Ah, vous êtes dans le cinéma ?" d'un air soudainement intrigué et avide. Parce que, t'as vu, je suis super bonne, alors c'est possible.
[Le premier qui dit que j'ai déjà joué dans "Tout ce qui brille", je lui pète la gueule.]

Bref. Quand ils me voient dans ma voiture, les élèves perdent tout self-contrôle. J'aime bien. Mais je n'arrive pas à expliquer cette étrange réaction.
Peut-être que c'est parce que d'habitude, ils me voient sur mon vélo et qu'ils ont du remettre en question beaucoup de choses. (Mais où est son vélo ? Il est cassé ? Elle ne l'aime plus ? Enseveli sous la neige ? Et cette voiture, pourquoi elle est si abimée ? Elle se prend beaucoup de coups dans la carrosserie ? (la réponse à celle-là est oui) Elle a vraiment le droit d'avoir le permis ? Même si elle fait moins d'un mètre 40 ?)
Ou peut-être qu'ils crient dès qu'ils voient un prof en voiture. Mystère et boule de gomme.



dimanche 13 janvier 2013

Super Teacher soutient le mariage pour tous


Je sais, ce n'est pas la fonction de mon blog. Mais j'ai allumé ma télé ce matin, jour de la manif anti-mariage pour tous, et je ré-entend les mêmes arguments plats et manipulateurs qui me mettent hors de moi et qui me font réaliser à quel point la France est loin d'être un pays moderne.
Vous le savez, je ne suis pas la plus engagée, je ne suis pas la plus au point sur les grandes questions politiques et je ne sais pas parler avec de beaux mots qui impressionnent. Mais là, je parle juste de bon sens.

À vrai dire, avant le début de « l'Affaire », je n'étais pas spécialement pour ce mariage. Pas spécialement contre non plus. Disons que je n'en voyais pas l'urgence. Et d'ailleurs, je l'ai déjà dit, je trouve que certains arguments contre sont valables, même si je ne suis pas d'accord.
Mais, à présent, je soutiens définitivement ce projet de loi. Surtout parce qu'être contre, aujourd'hui, ça veut dire adhérer à des valeurs qui me font honte.

Ces valeurs françaises que les opposants veulent sauver, je me demande quelles sont-elles ? La famille ? Il faut sauver la famille ? Mais je ne comprend pas. La famille, c'est forcément autour d'un homme et d'une femme ? Alors, moi, du coup, je n'ai pas de famille. C'est con, hein. J'aurai bien aimé avoir une famille mais j'ai pas de papa. Moi, je croyais que ce qui faisait vraiment une famille, c'était l'amour inconditionnel et le soutien. Là, du coup, j'ai du mal à voir en quoi le fait d'être homosexuel est incompatible avec ça.

Alors on va me dire que le vrai problème, c'est qu'on remet en cause l'ordre naturel des choses, c'est à dire qu'un enfant vient d'un homme et d'une femme. Mais à moins que je sois vraiment à la masse, on a encore rien inventé qui permette de faire les choses différemment. Il faut la petite graine et le petit œuf. Et ce n'est pas le mariage gay qui ouvre la porte aux inséminations artificielles et fécondation in vitro. Les homos le faisaient avant. Mais l'enfant viendra toujours d'un homme et d'une femme, heureusement.
Ah oui, mais l'enfant a droit à un papa et une maman. Oui, il y a droit. C'est vrai que c'est bien. Mais il n'en a pas toujours : orphelins, familles monoparentales... et ce n'est pas pour autant que sa vie sera déséquilibrée, s'il reçoit l'amour, le soutien et les vraies valeurs dont un enfant a besoin (intégrité, honnêteté, respect de l'autre...).

Okay. Mais alors, si on autorise le mariage aux homosexuels, on va finir par l'autoriser à n'importe qui. Et les anti-mariages d'énumérer gaiment tout ce qu'on va bientôt accepter dans ce monde qui court à sa perte : le mariage consanguin, la polygamie et même (non, je n'invente rien) la pédophilie. Finalement, ce débat de société met vraiment à jour ce que les gens pensent encore vraiment de l'homosexualité ; c'est à dire que ça ne choque personne qu'on assimile l'homosexualité à la consanguinité et à la polygamie. Je trouve ça grave en 2013. Autoriser le mariage aux homosexuels n'équivaut pas à ouvrir une boîte de Pandore puisque l'homosexualité n'est pas un vice, ni une maladie comme se le demande parfois mes élèves de cinquième (mais eux, ils ont 12 ans, ils ont le droit de douter et de se poser des questions).

Finalement, à trop donner de la voix aux catholiques intégristes, on finit par distiller insidieusement parmi les gens des idées qui font normalement froid dans le dos. Rappelons quand même que pour ces catholiques extrémistes, le mariage civil n'a souvent pas de valeur officielle. Alors, ça serait bien que chacun reste dans son domaine de compétence (comme le prévoit la loi depuis 1905, tiens, au fait).

Bon, je ne recommencerais plus. Désolée d'avoir taillé ma bavette toute seule, avec mes arguments de comptoir. Je sais que ce blog n'est pas fait pour ça et j'espère ne pas perdre l'attention de mes lecteurs qui sont contre cette loi et qui ont des arguments un peu plus sensés que ceux énumérés précédemment. Mea culpa, mea maxima culpa. Comme quoi, à force d'essayer de nous détourner des vrais problèmes, ça finit par marcher. 

vendredi 11 janvier 2013

Super Teacher is the queen (Lear)

Hier, c'était la galette des rois. Déjà, j'ai eu la fève, chose qui ne m'était pas arrivée depuis mes 8 ans (alala 2013, année pleine de promesse !). 

Mais vous ne vous doutez pas à quel point un petit évènement comme celui-là peut créer un vent de folie chez les élèves.
Mes quatrièmes sont donc rentrés en classe un peu excités. Je laisse un peu faire, parce que je sais qu'ils peuvent se calmer assez vite et rentre un peu dans leur jeu.

Scène 1, Acte I

Un élève lance à un autre : "Allez, allez, lance toi !! Allez, vas-y !"
L'autre de devenir tout rouge : "Vas-y, là, arrête !"
Moi "Qu'est-ce qu'il se passe, les deux zigotos ? " (oui, j'ai des expressions de vieille prof)

Le premier élève : "Waaaa Madame, il a eu la fève, il veut vous demander d'être sa reine !!!!"
Le tout rouge : "Vas-y, là, c'est pas vrai ! !"
La classe : "Ouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuh"
Moi : "Oh, ne le prends pas mal, mais je ne vais pas pouvoir accepter"
La classe : "AAAAAAAAAh, il s'est pris un gros vent !!!"

Le premier élève met la couronne sur sa tête : "Hey, je suis Louis XVI, regardez"
Moi, ouvrant la bouche pour répondre "Tu sais...."

Le brouhaha des élèves m'empêche de finir ma phrase.
Le premier élève, toujours couronné : "Hey, hey, chut, taisez-vous, là, écoutez, la prof, elle va me clasher !"

Et mon élève avait l'air tout heureux de savoir qu'il allait se faire clasher par sa prof. Du coup, j'ai réalisé que je vannais souvent mes élèves. Et que ces étranges enfants aimaient ça et en redemandaient. Alors, bon. Bin, je vais continuer, hein. Si c'est ce que demande le peuple.

Signé : Super Clasheuse, pour vous servir.

mercredi 9 janvier 2013

Super Teacher répond à la question "Et toi, tu fais quoi dans la vie ?"

Il y a peu de temps, quand on rencontrait quelqu'un, on lui demandait à quelle fac il glandait. Maintenant, on est grand, on a des vrais métiers d'adultes et les conventions sociales veulent qu'on en dise un peu plus sur le sujet.

Cherche pas, tu comprendras à la fin de l'article
Dommage, j'adorerais me présenter en disant "Salut, moi c'est S....., j'adore les bébés animaux et l'andouillette, mais je n'aime ni les huitres ni les hommes qui s'épilent les aisselles."

Alors, comme certains de mes amis doctorants (ouais, t'as vu, je fréquente l'élite moi) essayant vainement d'expliquer ce qu'ils peuvent bien faire de leur journée, le moment où j'annonce que je suis prof promet toujours des réactions diverses et variées.

L'avantage, c'est que prof, en gros, tout le monde sait ce que c'est. Le problème, c'est que prof, en gros, tout le monde sait ce que c'est.

Mais contrairement à ce qu'on nous rabâche souvent, le métier de prof n'est pas si déconsidéré que ça aujourd'hui, et la plupart du temps, les réactions sont positives.
Systématiquement, on va me parler d'un prof qui a marqué la scolarité, souvent en bien. (et d'ailleurs, je voudrais pas crâner, mais c'est souvent des profs d'hist-géo. Moi, je dis ça...)
Mais on me parle aussi des profs pourris et en échec. La différence, c'est qu'aujourd'hui, j'ai de la compassion pour eux et je me dis "Il aurait du changer de métier au lieu de s'infliger ça" et pas "Gros naze, rentre chez toi" (t'as vu, la maturité et tout)

Forcément, la situation est cocasse quand c'est la gynéco qui te parle de son prof de math préféré en t'auscultant le spéculum à la main. La prochaine fois, je dirais que je suis Pompe Funèbre, ça devrait refroidir la conversation.

Donc, globalement, prof, les gens ça les intéressent et ils sont plutôt bienveillants. Mais je sens bien que de temps en temps, je tombe sur quelqu'un qui pense très fort : "oh le métier de branleur. T'es pas allé chercher bien loin pour le trouver celui-là. Un jour, tu comprendras ce que c'est le vrai monde (comprendre : le monde de l'entreprise)". 

Mais je vais te dire, chéri lecteur, je m'en fiche un peu. Parce que tout au fond de moi, je suis sincèrement et profondément convaincue de l'importance de ce métier et de l'importance de l'éducation pour tous.
(Ah putain, ça y est, elle ressort les mouchoirs et les grandes phrases républicaines ! Ils l'ont bien lobotomisée à l'Educ Nat',  que tu te dis, chéri lecteur)
Mais ouais, mais les grandes phrases, bin moi, je trouve que ça fait du bien, parfois.

(allons enfaaaaants de la patriiiiiii-euhhh)

PS : nouvelle perle républicaine : "Parmi les symboles de la république, il y a la Vierge Marianne". (La troisième République se retourne dans sa tombe)

mardi 1 janvier 2013

Super Teacher et 2012

Sur le conseil d'un sage avisé, voilà un bilan de mon année 2012 super-teacheresque. (Waaa, putain, t'as vu, je suis tellement célèbre qu'on fabrique des mots avec mon nom !!)

2012, retrospective.(et genre là, tu imagines une musique façon "Time of my life")


avril : Inspection. 
Evidemment, j'ai été inspectée avec ma classe la plus remuante. (pour un portrait plus approfondi, voir cet article, "la classe des cancres"). Genre celle qui m'a fait vivre mes pires moments du début de ma carrière. Celle devant laquelle par moment, je m'arrêtais de parler en me demandant "Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que je fais ?". Non, chéri lecteur, rassure toi, ils n'en étaient pas à sauter sur les tables, mais quand même c'était un peu la loose.
Sauf que. Sauf que les choses ont changé du jour où j'ai appris qu'ils étaient insupportables dans tous les cours, pas qu'avec moi. [de la solitude du prof] Je me suis détendue avec eux et j'ai réussi, je ne sais par quel miracle, à reprendre les choses en main.
Du coup, au moment de l'inspection, ils étaient devenu ma classe préférée. Et quand je leur ai annoncé, tremblante, que j'étais inspecté et que, comme eux, j'étais notée, ils ont assuré leur RACE.
M'ont dit qu'ils allaient être super silencieux et tout.
Leur ai dit que oui, silencieux, mais pas trop quand même.
Petit Goujon est venu à la fin de l'heure et m'a dit texto "Moi, Madame, c'est promis, demain, je serais parfait".
Et Inspectrice est venue. C'était parti pour presque une heure de bouche pâteuse. Mais les élèves ont été super. Pas du tout réalistes (genre quand l'un parlait, l'autre se retournait et lui faisait les gros yeux) mais   m'ont fait un cours hyper dynamique (ils ne pouvaient pas faire autrement) et hyper calme.
Sauf quand Petit Fion Furet a commencé a déchirer frénétiquement la couverture plastique de son manuel (pétage de cable, what the fuck Petit Furet ??) et qu'il a fallu que je lui arrache des mains, vénère.

Bon, pendant l'entretien, elle m'a dit que la construction de mon cours était, en gros, toute pourrie mais qu'à part ça, ça le faisait plutôt bien et que j'allais survivre dans l'arène.
Les jours suivants, j'ai appris par mes collègues qu'un autre prof s'était fait descendre en flèche en faisant un cours exactement sur le même sujet, parce l'inspectrice était archi-spécialisée dessus. Ils ne me l'avaient pas dit pour ne pas me plomber le moral.

juin-juillet-août : Déménagement.
Bye-bye, pays de Oui-Oui, du magret et du soleil chantant.
Bonjour, grisaille, appartement humide et Dia du coin.

septembre : Rentrée
Mais en fait, lecteur, tu sais déjà tout sur ma rentrée. Rétrospective qui tombe peu à peu à l'eau. J'avais surtout envie de raconter mon inspection, c'est chose faite. Ah Ah Ah, je suis la reine de la manipulation !

(bon, perso, j'avais mis toute la B.O. de Dirty Dancing pour rédiger cet article, j'en suis à "She's like the wind", si tu veux tout savoir)-(je t'encourage aussi à écouter de la musique soupe au lait pour bien commencer 2013, c'est super apaisant)